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5 HEURES DU MATIN, MAJUNGA
Le noir se brise, se fracasse au mur du sommeil.
Le ciel est de chair et de sang, palpitant, rougeoyant.
Une vibration étrange tourne dans l'air, comme une attente, une promesse inavouée. Et la voilà :
l'eau, la pluie que tous attendent. Pas de demi mesure, pas de douce ondée, non, la pluie est
immédiatement violente, impitoyable, déchirant le silence de la nuit. Le ciel craque de toute part.
On a l'impression d'une détonation, comme si la chaleur enfin vaincue implosait en des millions de
gouttes incandescentes car l'eau n'a pas la fraîcheur essentielle, elle nous arrive chaude ! Dans le
ciel, l'affrontement des éléments ressemble à un volcan égaré dans les hauteurs. Le bruit de
la pluie sur les tôles est assourdissant, rien à voir avec une sonate, c'est une chevauchée
sauvage, primitive. A cela s'ajoute le fracas du ciel, craquements à faire frémir les
âmes les plus endurcies, à réveiller toutes les peurs ancestrales de Fin du Monde,
d'Apocalypse, de chute brutale du ciel. Il y a tant de rage concentrée dans ce déferlement
que l'Homme se sent nu. Le corps est démuni, vulnérable, les nefs à vif. Attendre que
cela passe et s'éloigne sans rien causer de mauvais, sans rien briser.... Espérer de toutes
ses forces que la pluie se contentera de tomber en hurlant, le tonnerre de s'éloigner, les
éclairs de se fondre. Attendre ainsi le coeur battant 10 minutes, une heure, deux peut être,
il n'y a aucune règle, nul tempo défini.
Lorsque le silence paraît dans une soudaineté superbe, l'Homme est hébété, saoul
de tant de violence, de tant de force. Et le ciel réapparaît ; il est de brume et de bleu. Lavé, serein,
d'une mollesse inattendue et reposante. Et de ce grand nettoyage, de ce balayage divin, naît une
suavité brève certes, mais si douce, si légère que le coeur de l'Homme se sent rassuré. La pluie a
aussi lessivé la terre, la poussière est clouée au sol, les couleurs éclatantes. Cette beauté fraîche,
saine n'a qu'un temps bref comme une respiration, un soupir. Bientôt, le soleil reviendra dans sa
splendide insolence tout assécher, tout dessécher,
Et le ciel est de chair et de sang, brûlant, assommant....
MAJUNGA, 7 HEURES DU MATIN

 

Stéphanie Thuillez

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